Les destins de Camille Pissarro et de Ludovic Piette semblent indissociables tant les deux peintres et leurs épouses furent proches. Découvrant Pontoise en 1874 à l’occasion de l’enterrement de la fille de Camille Pissarro, Ludovic Piette revient peindre dans la cité des bords de l’Oise dès l’année suivante.
Formé chez Thomas Couture, puis à l’académie du père Suisse, Ludovic Piette-Montfoucault (1826-1878) y rencontre probablement Camille Pissarro vers 1860. Piette est alors déjà un peintre reconnu qui participe au Salon et obtient quelques commandes. Mais, il ne partage pas les hautes ambitions de son ami Camille, qui cherche le soutien de marchands d’art pour se faire reconnaître.
C’est peut-être aussi parce que Piette mène une double-vie. Appartenant à la petite bourgeoisie, il possède des terres à Montfoucault en Mayenne, où il participe à la vie politique, ce qui ne l’empêche pas de s’adonner à la peinture.
Peindre à Pontoise
En 1875, Ludovic Piette peint à nouveau Pontoise, lors d’un séjour en compagnie des Pissarro. Le périple depuis Montfoucault, 7h20 de train, un peu de route en hippomobile, voire de la marche, n’a pas rebuté l’artiste et son épouse Adèle Levy. Ils sont ravis de retrouver Camille, son épouse Julie, les enfants et l’animation des marchés que Ludovic affectionne tant. Ludovic entreprend, bien sûr, une nouvelle vue du marché du Grand Martroy. Dans les tonalités lumineuses qu’il partage depuis quelques années avec Pissarro, il figure les exposants en vêture (chapeau noir, blouse bleu et pantalon bleu foncé pour les hommes) et leurs étals sur un fond d’architecture qui n’a pas changé depuis.
« Je suis loin de réussir dans la peinture à l’huile » écrit Piette à Pissarro. Pourtant, outre la vue de marché prêtée par Fonseca Fine Art, le Musée d’Art et d’Histoire Pissarro de Pontoise conserve quelques chefs-d’œuvre figurant Pontoise et ayant également été présentés lors de la troisième exposition du groupe des impressionnistes en 1877.
Ludovic Piette s’éteint prématurément en 1878. Le critique d’art Edmond Duranty écrit alors : « [Piette] a appris à aimer le ciel, l’espace, les prairies, les foules qui se pressent dans les marchés, dans les avenues des petites villes, il […] a été instinctivement un impressionniste […] C’était là un rare artiste, […], un peintre d’un sentiment exquis. »